Parfois les mots des autres sont comme des bouffées d’oxygène. J’ai envie de partager ici quelques extraits de L’Éveil à la conscience cosmique de (Osho) Bhagwan Shree Rajneesh, chapitre « La Révolution intérieure », p. 16 et suivantes, éditions Dangles, 1981 (1973 pour l’édition originale anglaise). Cette lecture est à rapprocher de mon questionnement sur l’ego et l’individuation, formulé notamment dans les articles Puissance, pouvoir, ego et Yi King, désidentification et individuation.
« (…) Vous êtes seul, absolument seul. Cela, comprenez-le très clairement. Avec la conscience naît la solitude. Plus votre conscience s’élargit, plus le sentiment de solitude augmente. N’essayez pas de fuir ce fait en vous tournant vers la société, les amis, les associations, la foule. Ne le fuyez pas ! La solitude est un phénomène significatif : tout le phénomène d’évolution converge vers elle. Votre conscience s’est tellement élargie, qu’elle vous révèle le fait de votre solitude. C’est d’ailleurs par elle que vous atteindrez l’illumination.
Solitude ne veut pas dire isolement. Le sentiment d’isolement vient quand on essaie de fuir la solitude, quand on n’est pas disposé à l’accepter. Si vous cherchez à vous dérober au fait de la solitude, il vous vient une impression d’isolement. Alors vous vous tournez vers la foule ou vers quelque moyen d’intoxication qui vous fera oublier votre sentiment. L’isolement créera ses propres moyens magiques aboutissant à l’oubli.
Si vous parvenez à rester seul, absolument seul, ne fût-ce qu’un seul instant, l’ego mourra, le moi mourra. Vous explosez, vous n’êtes plus. L’ego n’existe pas en soi ; il est toujours en relation avec quelqu’un. Chaque fois que vous êtes seul, un miracle se produit : l’ego s’amenuise. Donc, si vous avez le courage de rester seul, graduellement, l’ego se dissoudra. Il ne pourra plus exister très longtemps.
Choisir de rester seul est un acte tout à fait conscient et délibéré, encore plus délibéré que le suicide. L’ego ne peut en effet pas exister dans la solitude ; par contre, il est présent dans le suicide. Les personnes égotistes sont plus enclines à se suicider. le suicide ne dénote en aucun cas l’état de solitude ; il ne peut se commettre qu’en relation avec quelqu’un. par lui l’ego ne souffre pas. Au contraire, il prend plus d’importance. Il se dirige vers une nouvelle naissance en ayant plus de force que jamais.
La solitude ébranle l’ego. Il n’a plus rien avec quoi être en relation, et de ce fait ne peut exister. par conséquent, si vous êtes prêt à accepter la solitude, sans la moindre hésitation – sans volonté de fuite ou de retour en arrière – si vous acceptez le fait de votre solitude en tant que tel, il devient une occasion extraordinaire. Vous êtes comparable à une graine, laquelle renferme tant de potentialités. mais rappelez-vous que la graine doit éclater, en sorte que la plante puisse croître. L’ego est pareil à une graine, une potentialité. Quand il se brise, le Divin naît en vous. Le Divin n’est ni moi ni toi; il est un. Et c’est la solitude qui vous conduit à cette unité.
(…) La foule n’est qu’un substitut du sentiment de solitude. Ceux qui comprennent cela, qui sont conscients de leur responsabilité en tant qu’êtres humains, conscients de la tâche difficile, ardue qui attend l’humanité, ne choisissent pas les substituts. Ils vivent avec les faits tels qu’ils sont, ne créent pas de fiction. Les idéologies religieuses et politiques ne sont que des fictions qui suscitent un sentiment illusoire d’unité.
L’unité n’existe que si vous êtes sans ego, et l’ego ne peut mourir que s’il y a solitude complète. Quand vous êtes complètement seul, vous n’êtes plus. L’instant de solitude vous fait exploser. Vous vous répandez dans l’infini. Voilà ce qu’il faut entendre par évolution ; ce n’est rien d’autre. Si je lui ai donné le nom de révolution, c’est parce que son processus n’est pas inconscient. Vous pouvez être sans ego ou rester avec votre ego. C’est à vous de choisir.
(…) La conscience est un phénomène individuel. Seule l’inconscience est collective. La conscience vient avec l’individuation. Le genre humain en tant que tel n’en est pas à ce point, il n’y a que des êtres humains individuels qui le soient. Chaque homme doit réaliser sa propre individualité et endosser la responsabilité que cela implique.
(…) Vivez le fait de votre responsabilité, le fait de votre solitude. Si vous le pouvez, l’explosion se fera. Le cheminement est pénible, mais il n’en existe pas d’autre. C’est la difficulté, l’acceptation de la vérité qui vous mène au point d’explosion. Alors l’extase vient sur vous, pas avant. Si elle venait sur vous par hasard, elle n’aurait aucune valeur, car vous ne l’auriez pas méritée. Vous n’auriez pas la capacité de la percevoir, cette capacité étant le produit de la discipline.
Si vous arrivez à vivre le fait que vous êtes responsable de vous-même, la discipline suit automatiquement. Il ne peut pas en être autrement. Mais la discipline dont il s’agit ne vient pas d’une contrainte extérieure. Elle surgit de l’intérieur. Si vous êtes entièrement responsable de vous-même, tous vos actes se déroulent dans la discipline. Vous ne direz pas même un mot à la légère.
En ayant conscience de votre solitude, vous sentez également l’angoisse des autres. Et la sentant vous n’agirez plus jamais à la légère, parce que vous vous sentirez responsable non seulement de vous-même mais des autres. Le fait de vivre votre propre solitude vous fait comprendre celle de tous les êtres humains. Le fils sait que son père est seul ; la femme sait que son mari est seul ; le mari sait que sa femme est seule. Et, dès lors que vous le savez, vous ne pouvez pas ne pas être compatissant. »
En bonus, une belle interview de Silvia Ricciotto-Sabash. Elle parle aussi de la solitude (à 7′ environ sur la vidéo). Je ne sais pas intégrer des vidéos sur ce site, alors voici simplement le lien : Qu’est-ce qui te rend heureux ?
3 réponses à “Ego et solitude (la révolution intérieure)”
quel message fort .
l ‘amour est de moi alors et me sert a moi uniquement alors ,etre dans sa solitude commence par un changement de soi alors cette prise de consience avez vous d ‘autre choses a m ‘apprendre. que la paix soit en vous
Bonjour Didier, merci de votre message. L’amour est d’abord amour de soi. Que l’on soit seul ou entouré, l’amour comme les solutions viennent toujours de l’intérieur. Bonne route, beaucoup d’amour…
Bonjour,
seul (ou isolé ? à moi de le définir à présent) depuis deux ans et demi ou j’ai absolument (presque) TOUT perdu : travail, amis, famille, femme, argent et presque la vie (accident mortel de la route mais…miraculé).
Me reste mes deux fils auquel je donne le maximum de soins comme un vrai et bon père que je suis. Ce texte me tombe sous les yeux comme par magie… moi qui suis si profondément triste de voir les couples ensembles, l’amour autour de moi et sans que je puisses le vivre avec une femme à nouveau…
Merci de ce partage je vais chercher ce livre.
David